Tiens-toi tranquille, bordel ! Bas les pattes ! Je sais bien que ça te fait mal. Mais à qui la faute, hein ? A moi ? Non : au gouvernement ! Enfonce-toi bien ça dans le crâne. C’est la faute au gouvernement si tu as les dents pourries et si tu as mal. La faute au gouvernement. Les malheureux n’avaient plus qu’à se résigner en fermant les yeux ou en dodelinant de la tête.

 

Le docteur Loachamin haïssait le gouvernement. N’importe quel gouvernement. Tous les gouvernements. Fils illégitime d’un émigrant ibérique,il  tenait de lui une répulsion profonde pour tout ce qui s’apparentait à l’autorité, mais les raisons exactes de sa haine s’étaient perdues au hasard de ses frasques de jeunesse, et ses diatribes anarchisantes n’étaient plus qu’une sorte de verrue morale qui les rendait sympathique.

 

Il vociférait contre les gouvernements successifs de la même manière que contre les gringos qui venaient parfois des installations pétrolières du Coca, étrangers impudiques qui photographiaient sans autorisation les bouches ouvertes de ses patients. 

  

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Le ciel était une panse d’âne gonflée qui pendait très bas, menaçante, au-dessus des têtes. Le vent tiède et poisseux balayait les feuilles éparses et secouait violemment les bananiers rachitiques qui ornaient la façade de la mairie.

 

Les quelques habitants d’El Idilio, auxquels s’étaient joints une poignée d’aventuriers venus des environs, attendaient sur le quai leur tour de s’asseoir dans le fauteuil mobile du dentiste, le docteur Rubincondo Loachamin qui pratiquait une étrange anesthésie verbale pour atténuer les douleurs de ses clients.

 

- Ça te fait mal ? Questionnait-il.

Agrippés aux bras du fauteuil, les patients en guise de réponse, ouvraient des yeux immenses et transpiraient à grosses gouttes.

 

Certains tentaient de retirer de leur bouche les mains insolentes du dentiste afin de pouvoir lui répondre par une grossièreté bien sentie, mais il se heurtaient à ses muscles puissants et à sa voix autoritaire.

 

 

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Zone de Texte: Le plaisir de lire
Zone de Texte: Les premiers paragraphes du roman

Lorsque les habitants d’El Idilio découvrent dans une pirogue le cadavre d’un homme blond assassiné, ils n’hésitent pas à accuser les Indiens de meurtre. Seul Antonio José Bolivar déchiffre dans l’étrange blessure la marque du félin. Il a longuement vécu avec les Shuars, connaît, respecte la forêt amazonienne et a une passion pour les romans d’amour. En se lançant à la poursuite du fauve, Antonio José Bolivar nous entraîne dans un conte magique, un hymne aux hommes d’Amazonie dont la survie même est aujourd’hui menacée.

Zone de Texte: Commentaires des jeunes lecteurs et lectrices
Zone de Texte: Dans mon site de tests en ligne, Cyberprof, j’ai créé des questions pour vérifier la lecture de ce roman.

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