Plus petit que le blond et très gras, il s'avança en cherchant les endroits où poser les pieds et il leva les yeux derrière ses lunettes à verre épais.

 

- Où est l'homme au micro ?

Le blond secoua la tête.

- Nous sommes dans un île. Ou, du moins, il me semble. C'est un récif en pleine mer. Il n'y a peut-être pas de grandes personnes ici.

Le gros eut l'air interloqué.

- Il y avait le pilote. Mais il n'était pas dans la cabine des passagers, il était au poste de pilotage, devant.

Le blond examinait le récif d'un regard attentif.

- Et  tous les autres gosses, continua le gros. Il y en a sûrement qui s'en sont sortis. Tu crois pas, hein ?

Le blond se dirigea vers le bord de l'eau d'un air aussi désinvolte  que possible. Il affichait l'indifférence et ne voulait pas paraître s'intéresser à la question, mais le gros courut après lui.

- Il n'y a pas de grandes personnes du  tout ?

- Je ne crois pas.

Le blond avait répondu d'un ton solennel; mais tout à coup la joie d'une ambition réalisée l'envahit. Au milieu de la déchirure de la jungle, il se mit debout sur la tête et regarda en riant le gros garçon qu'il voyait sens dessus dessous.

   

      

Page d’accueil    Autres pays

Le garçon blond descendit les derniers rochers et se dirigea vers la lagune en regardant où il posait les pieds. Il tenait à la main son tricot de collège qui traînait par terre; sa chemise grise adhérait à sa peau et ses cheveux lui collaient au front. Autour de lui, la profonde déchirure de la jungle formait comme un bain de vapeur. Il s'agrippait péniblement aux lianes et aux troncs brisés, quand un oiseau, éclair rouge et jaune, jaillit vers le ciel avec un cri funèbre; aussitôt, un autre cri lui fit écho :

- Hé ! attends une minute, dit une voix.

La végétation à la limite de la déchirure frémit et mille gouttes de pluie s'égrenèrent sur le sol.

- Attends un peu, répéta la voix, je suis accroché.

Le garçon blond s'arrêta et se débarrassa de ses chaussettes d'un geste machinal. L'espace d'une seconde, son geste évoqua le cœur de l'Angleterre et la jungle fut oubliée.

 

La voix se fit entendre à nouveau.

- Je peux à peine bouger avec toutes ces espèces de lianes.

Celui qui parlait sortit à reculons des broussailles et des brindilles s'accrochèrent à son blouson graisseux. A la pliure des genoux, des épines mordaient sa peau nue et grassouillette. Il se baissa, les enleva soigneusement et se retourna.

Autres pays

Zone de Texte: Le plaisir de lire
Zone de Texte: Les premiers paragraphes du roman

Une bande de garçons de six à douze ans se retrouve jetée par un naufrage sur une île déserte montagneuse, où poussent des arbres tropicaux et gîtent des animaux sauvages. L'aventure apparaît d'abord aux enfants comme de merveilleuses vacances. On peut se nourrir de fruits, se baigner, jouer à Robinson. Mais il faut s'organiser. Suivant les meilleures traditions des collèges anglais, on élit un chef. C'est Ralph, qui s'entoure de Porcinet, "l'intellectuel" un peu ridicule, et de Simon. Mais bientôt un rival de Ralph se porte à la tête d'une bande rivale...   

Retour à la page d’accueil