par petites touffes. J’aime le vent, je l’aime d’amour, d’un amour fou. J’ouvre le livre de John Farrand junior, Climats, où sont photographiés tempêtes, cyclones, trombes et tourbillons, siroccos, smogs et pluies, anticyclones, brumes et brouillards. Magnifiques cataclysmes, violents et purs comme l’eau des diamants, comme des cœurs de martyrs. J’y apprends qu’une longue période de sécheresse, dans les années 30, provoqua l’apparition de monstrueux vents de poussière. Le Dust Bowl était né. On empila poêles, matelas, tables, chaises, chiens, chats, femmes et enfants dans des charrettes et on fila vers la Californie. John Steinbeck, inspiré par ces romanichels fuyant le Dust Bowl, écrivit alors l’un de ses plus beaux livres, Les Raisins de la colère. Colère du ciel, colère des hommes : le romancier tenait son « soul and dust bowl »! La photo que j’ai sous les yeux est extraordinaire. Elle montre une maison renversée, au milieu d’un champ. Quatre petits enfants se tiennent par les épaules, devant la porte, qui est un affreux losange noir, la gueule ouverte d’une caverne.

 

Rick Bass écrit : L’écrivain ne trouve pas son sujet en fouillant parmi les choses qu’il aime le mieux, mais parmi les choses qu’il est seul à aimer, et à sa façon à lui. »

 

Et, là-dessus, il se met à pleuvoir—une pluie chaude, une pluie d’été.

 

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La nuit dernière, j’ai rêvé de rivière, d’un gros poisson pêché par un enfant, qui était et n’était pas moi, de son sang coulant de ma paume où s’était fiché l’hameçon de l’enfant, un mélange d’eau et de sable. J’ai nagé dans un courant glacé, attrapé par des branches, des racines, des tourbillons furieux. Sur la grève, on tournait un film dans lequel je tournais un personnage que je ne connaissais pas du tout, prononcer des répliques que je n’avais jamais apprises. C’était effrayant et en même temps ça n’avait pas d’importance. Vous savez comme sont les rêves : ils disent clairement la gravité et la légèreté des choses, ils vous mènent là où ils veulent. Et puis j’ai plongé dans une eau trouble où passaient souriants et graves, des visages d’hommes et de femmes que je savais insuffisamment aimés de moi. L’eau me frôlait comme le temps éternel, le temps tout court. Tout au fond, je me suis assis dans une vase douce et fraîche et je me suis entendu prononcer clairement, dans la transparence glauque de la rivière : « Je peux m’attendre encore, mais pourrai-je attendre infiniment? »

 

Il vente toujours. Vent vert, vent de juin. Je ferme les yeux et vois le champ, derrière la maison, mouvant, bruissant, les herbes échevelées, les quenouilles étripées qui perdent leur mousse

Zone de Texte: Le plaisir de lire

Avec Le Vacarmeur, Robert Lalonde donne la suite du Monde sur le flanc de la truite. Dans une prose qui cerne le mystère avec une extraordinaire précision, il nous conduit au plus près du cœur ardent de l’acte créateur.

 

Encore une fois, nos guides se nomment Rick Bass, Michel de Montaigne, Annie Dillard, Flannery O’Connor, Jean Giono ou Gabrielle Roy. Encore une fois, l’auteur fait participer la littérature à une célébration en même temps païenne et sacrée du monde et de la nature.

Zone de Texte: Romans du Québec
Zone de Texte: Les premiers paragraphes du roman

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