La beauté du paysage, la sérénité de l’air matinal et la clarté des images ne parvenaient pas à déboucher l’horizon de la jeune fille. Elle qui était venue en ce monde et avait grandi près du fleuve auquel rien ne barre le chemin et dont la puissance libère ceux qui vivent en son voisinage, ne se laissait guère séduire par ce coin montagneux, étranger à ses seize ans, petite patrie de sa mère qui revenait y vivre après vingt ans d’exil.

 

On reconduisait Marilou au restaurant où elle espérait trouver un emploi d’été. Mais en ces années de vache maigres pour les gens de condition modeste, rien n’était plus donné; et ni la mère ni la fille ne se faisaient d’illusions. Tout reposerait sur la personnalité de l’adolescente et sur sa courte expérience de serveuse, acquise l’été précédent à la salle à manger d’un théâtre d’été là-bas, au pays de sa naissance.

 

- Nerveuse ? 

- Non, dit la jeune fille en ramenant son regard à l’intérieur de la voiture.

- Pas trop jasante ce matin !

- Toi non plus, maman.

- Si t’es sûre d’avoir l’emploi, tu vas l’avoir...

 

La femme en avait voulu, des choses, de toutes ses forces, et ne les avait pas obtenues pour autant. La pensée magique n’avait pas réussi à protéger la cohésion familiale et Chantal Dubé   s’était retrouvée sans mari six ans plus tôt, et chef de famille monoparentale avec sous sa garde une fille et un garçon de dix et neuf ans.

 

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Un temps doux et sec donnait au jour sa pureté incomparable. Le ciel dispensait à la terre un bleu de printemps qui repose l’œil quand la neige éblouit encore. Mais en ce déclin de saison, il ne restait des blancheurs de la sœur aînée que des souvenirs épars, derniers vestiges de la neige attardée s’écoulant à leur tour comme les épilogues dérisoires de lectures inachevées. Et voilà qu’un nouvel été à naissance prématurée livrait en abondance le vert plein de ses feuillages et le parfum subtil de ses lilas fleuris.

 

Une auto blanche circulait lentement sur une large avenue bordée de grands arbres. Tels leur imposants congénères d’un parc voisin, érables, ormes, chênes, semblaient au garde-à-vous autour d’un monument aux morts de trois guerres et de trois canons dispersés, en éventail, pointés sur l’horizon en courageux défenseurs symboliques de la petite ville frontalière. Au milieu s’élevait un pavillon tout blanc où les promeneurs du soir, tentés par le calme de la vue, s’asseyaient pour mieux jouir du grand air frais.

 

Tout était ordonné, paisible, immuable.

 

Inquiète et mélancolique, la passagère laissait porter son regard de l’autre côté du parc sur un lac tranquille endormi sous la couverture grise longuement étendue jusqu’à une haute montagne au loin, qui lui servait d’oreiller moelleux.

Zone de Texte: Le plaisir de lire

Comme un bouquet de fleurs, une belle histoire d’amitié fournit d’impérissables ornements pour l’album à souvenirs des cœurs jeunes.

Marilou et Stéphanie, deux adolescentes que tout oppose, trouvent l’une dans l’autre la sœur manquante et s’aident mutuellement à traverser les orages.

Autour d’elle gravitent Sandra la tourmentée, Danny, coqueluche de son école, Jonathan le beau gars, Ti-Jé le timoré, Fred, un jeune homme secret, Éric le travailleur...

Zone de Texte: Romans du Québec
Zone de Texte: Premiers paragraphes

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