Le véhicule ralentit en traversant un village, au sud de Louxor ; des fillettes, aux robes rose et jaune vif, agitèrent les mains en souriant. Assis sur le seuil de leur maison, des hommes fumaient, le regard vide ; engoncées dans de longues robes noires, des femmes portaient sur la tête des paniers en plastique contenant fruits et légumes.

 

Hélène était heureuse. À trente-deux ans, elle connaissait enfin le bonheur, un bonheur fou comme un premier amour, un bonheur qu’elle allait vivre sur cette terre solaire et mystérieuse ; elle voulait garder en mémoire la moindre seconde de ce voyage, afin de l’offrir à l’homme qui l’attendait à Assouan.

 

Le car longea un champ de canne à sucre que les autorités avaient ordonné d’éclaircir ; les « terroristes », comme les appelait la presse, s’y dissimulaient après avoir tiré sur les touristes. La veille, après le limogeage du ministre de l’Intérieur, jugé trop conciliant avec les musulmans fanatiques, une vaste opération anti-intégriste avait été organisée au Caire, dans le quartier populaire d’Imbaba, en révolte ouverte contre le pouvoir depuis plusieurs mois. Ce dernier refusait tout dialogue avec des criminels qui tuaient des innocents et tentaient de détruire la nation. Plus de douze mille soldats, épaulés par une centaine de voitures blindées, avaient arrêté des leaders de moins de trente ans et dynamité leurs demeures.

 

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Lancé à pleine vitesse, l’autocar climatisé évita de justesse un âne qui tirait une charrette chargée de bidons rouillés. En face, le taxi collectif où avaient pris place une quinzaine d’ouvriers n’avait pas ralenti. Question de fierté, code d’honneur remplaçant celui de la route entre Le Caire et Assouan, l’unique voie terrestre reliant la capitale de l’Égypte à la grande cité du Sud. Perpétuellement encombrée de camions en surcharge de freins incertains, de voitures dont la plupart n’étaient plus en état de rouler, des vélos, des piétons, de troupeaux de chèvres, des chameaux et d’ânes exploités comme des machines, la longue artère prenait tantôt des allures d’autoroute, tantôt de chaussée fissurée, tantôt de piste dépourvue de macadam. En dépit de rares panneaux de signalisation, voués à une disparition, une seule loi : doubler.

 

Le front appuyé contre la vitre, Hélène Doltin ne se préoccupait pas de la conduite du chauffeur. L’Égypte de juin l’enchantait ; elle s’enivrait de la puissance du soleil d’été, de la tendresse des champs en bordure du Nil, de la noblesse du désert parfois si proche. Afin de bien profiter du paysage, la jeune Française avait préféré, comme une vingtaine d’autres touristes, le car à l’avion.  

Zone de Texte: Le plaisir de lire

Un monstre. Un monstre gris et froid de 42 millions de mètres cubes. Un monstre qui menace l’Égypte et ses monuments de mort lente mais certaine. Tel est le haut barrage d’Assouan contre lequel l’égyptologue américain Mark Walker combat depuis des années.

La découverte d’une très ancienne prophétie prédisant un cataclysme l’incite à redoubler ses efforts au moment même où il va se marier. Mais sa fiancée est victime d’un attentat… 

Le monde de Mark Walker bascule alors dans la violence intégriste qui, comme le barrage, menace de détruire l’Égypte. Ballotté par les vagues d’une révolution en marche, manipulé par des hommes de l’ombre, refusant de se laisser aveugler par l’amour, Mark Walker recherche obstinément la vérité qu’on veut lui cacher.

Une vérité qu’il n’a que trente jours pour découvrir s’il veut sauver l’Égypte.

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