Puis, au-delà des lacs de soude, des jungles aux fougères géantes, des forêts de bambous, des cirques d’escarpements, de roches plissés et de plateaux parcourus par les vents alizés, se dessinait la savane à graminées et à épineux. Plus loin encore, sable et mer fusionnaient, et toutes teintes confondues, ouvraient à la vue et à la vie des hommes l’antichambre de l’éternité.

 

Là-bas, le vent né, de cette immensité soufflait sur une multitude de fronts. Trouvant une graine minuscule, il la charria pendant des jours et des lunes. Un nuit, elle s’accrocha à une terre desséchée qui, du coup, l’emprisonna.

 

Le soleil cuisait cette terre, terrassait les bêtes et les hommes qui l’habitaient. Seules quelques pousses épineuses lui résistaient. Agrippées aux pierres, elles profitaient des répits nocturnes pour se former en broussailles. C’est parmi elles que la graine germa, dans le noir, tirant des gouttes d’eau de la rare pluie qui, au hasard du cycle de la vie, humectait le sol presque nu. La graine donna d’abord de maigres racines, tentacules tordues animées d’un semblant de vie. Une tige émergea, ébauche d’un tronc. Puis des bourgeons, à peine visibles, encore dormants, mais porteurs de jeunes rameaux. Défiant les saisons, retenant les moindres gouttes d’eau dans les fibres de son bois, elle devint un arbre.

             

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Au matin du monde, le vaste plateau descendant en pente douce vers l’océan se transforma brutalement. Il se bomba, se crevassa céda à d’énormes volcans jaillis à la surface, s’affaissa sous la crue des eaux dévalant des sommets.

 

Deux millions d’années plus tard, l’aube africaine surgissait brusquement au-dessus d’une longue rangée de palétuviers.

 

Vinrent les hommes. Ils naquirent tous le même jour, noirs et égaux, sur un continent sans frontières visibles qui comptait alors pour l’essentiel du monde.

 

Sur ce lot sans fin qui s’étendait entre mers et océans, le cours des âges témoignait d’une suite d’enfantements titanesques. Se voisinaient sans ordre apparent des volcans actifs et éteints, des montagnes couvertes d’un manteau gris de cendres alcalines, des paysages de sel luisant comme le marbre, des oasis couvertes de palmiers doums à proximité de grands fleuves dont les eaux infiltraient les multiples canaux des sédiments lacustres, des lacs colorés en rouge et en vert par la prolifération d’algues. Et des forêts immenses où les arbres grimpaient à hauteur de nuages, où les enchevêtrements de lianes, de plantes parasites et la masse des frondaisons faisaient écran au soleil.     

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BLACK est le roman de l’Afrique et de l’esclavage. Pour ressusciter cet épisode bouleversant de l’expérience humaine, PAUL OHL a choisi de nous faire partager la destinée d’un héros d’origine sénégalaise, Souma, qui deviendra malgré lui le symbole de la liberté pour tout un peuple.

Cette histoire, qui se déroule entre 1670 et 1700, nous transporte cent ans avant les Racines d’Alex Haley. Les chaînes de Gorée nous entraînent au Sénégal, à Versailles, à Nantes, sur l’île de Gorée ou « île de la mort », ainsi qu’en Martinique. Peuplé de personnages inoubliables mais aussi d’êtres cruels et sans morale, animé par des figures de l’Histoire, dont Louis X1V, BLACK, ainsi que le décrit l’auteur, est « une histoire inventée à partir de quarante millions d’histoires vécues ».   

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