J’ai noté les adresses dans un calepin, puis j’ai demandé à la serveuse le plan de la ville. Elle a paru surprise puis, après s’être gratté le front, elle a fouillé dans un tiroir rempli de paperasses, dont elle a finalement extrait une carte jaunie. Elle a cru nécessaire de m’avertir qu’elle datait de plusieurs années. Elle a précisé que je pourrais m’en procurer une récente à la Librairie Léon. C’était l’établissement où je devais me présenter le lendemain en qualité de commis. Je ne tenais pas m’y rendre à l’avance. J’ai assuré la serveuse que le vieux plan ferait très bien l’affaire.

Je suis retourné m’installer dans un box à table de formica où j’ai étalé la carte de Saint-Joachim. Ce n’est pas une ville à topographie compliquée. Dans une direction nord-sud, parallèlement…

 

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                        10 mars

Ma première démarche en arrivant à Saint-Joachim, ç’a été de me chercher une chambre. Il ne me restait qu’une cinquantaine de dollars et je ne voulais pas coucher à l’hôtel. Une fois installé là, je me connais, j’y serais resté indéfiniment.

En descendant de l’autobus, j’étais très fatigué. Je suis entré dans le petit restaurant qui sert de terminus pour m’acheter des cigares. Comme la vendeuse me rendait ma monnaie, j’ai aperçu, sur une étagère, l’hebdomadaire local, le Courrier de Saint-Joachim. Je l’ai pris. Il datait de trois jours. Ça n’avait pas d’importance.

Je suis allé m’asseoir sur un des bancs de bois dans le coin du restaurant et j’ai ouvert la feuille à la section des petites annonces. On y offrait une dizaine de chambres à louer.

Zone de Texte: Le plaisir de lire
Zone de Texte: Les premiers paragraphes du roman
Zone de Texte: Commentaires des jeunes lecteurs et lectrices

Gérard Bessette publie en 1960 ce roman québécois dont Jodoin, le personnage principal, a fait ses comptes avec ses semblables et la société. Il s’est retiré en lui-même à l’abri des obligations et des contacts humains. Mais il est aux prises avec deux malédictions : celle de gagner sa vie et celle (autrement plus grave) du temps. Le jour, il somnole à la librairie où il a trouvé un emploi de commis. Le soir, il boit jusqu’à la fermeture de la taverne. Reste le dimanche. Aucun débit de boisson n’étant ouvert à cette époque, il écrit son journal et c’est ce journal que nous lisons.

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