déterminer, situer l’objet de leur étude, plusieurs savants étrangers s’étaient emparés de la question, notamment l’Autrichien Freud, l’avaient amplifiée, approfondie, sortie, extraite de son domaine purement expérimental et clinique pour en faire une sorte de pataphysique de la pathologie sociale, religieuse et artistique, où il s’agissait moins d’arriver à connaître la climatérique de telle idée-force née spontanément dans la région la plus lointaine de la conscience et à déterminer la simultanéité de l’« auto-vibrisme » des sensations observées chez le sujet, qu’à créer, qu’à forger de toutes pièces une symbolique sentimentale, dite rationnelle, des lapsus acquis ou innés du subconscient, espèce de clé des songes à l’usage des psychiatres, telle que Freud l’avait codifiée dans ses ouvrages mettait pour la première fois en pratique dans son sanatorium si fréquenté de Waldensee.
En tant que chapitre spécial d’une philosophie générale, la pathogénie n’avait jamais été tentée. À mon avis, elle n’avait jamais été abordée d’une façon strictement scientifique, c’est-à-dire objectivement, amoralement, intellectuellement.
Tous les auteurs qui ont traité de la question sont remplis de préjugés. Avant de rechercher et d’examiner le mécanismes des causes morbides, ils considèrent la « maladie en soi », le condamnent comme un état exceptionnel, nocif, et indiquent de prime abord les mille et une façons de la combattre, de la troubler, de la supprimer, définissant, pour cela faire, la santé comme un état « normal », absolu, fixe.
Les maladies sont. Nous ne le faisons, ni ne les défaisons à volonté. Nous n’en sommes pas maîtres. Elles nous font, nous modèlent. Elles nous ont peut-être créés. Elles sont propres à cet état d’activité qui s’appelle la vie. Elles sont peut-être sa principale activité. Elles sont une des nombreuses manifestations de la matière universelle. Elles sont peut-être la principale manifestation de cette matière dont nous ne pourrons jamais étudier que les phénomènes de relation et d’analogie. Elles sont un état de santé transitoire, intermédiaire, futur. Elles sont peut-être la santé même.
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En 1900, je terminais ma médecine. Je quittai Paris au mois d’août pour me rendre au sanatorium de Waldensee, près de Berne, en Suisse. Mon maître et ami, le célèbre syphiligraphe d’Entraigues, m’avait chaleureusement recommandé au docteur Stein, directeur chez qui je devais entrer comme premier assistant. Stein et sa maison étaient alors célèbres. Frais émoulu de la Faculté et jouissant d’une certaine notoriété de bon aloi que ma thèse sur le chimisme des maladies du subconscient m’avait value chez les spécialistes, j’étais impatient de secouer le joug de l’École et de porter un coup éclatant à l’enseignement officiel. Tous les jeunes médecins ont connu ça. Je m’étais donc spécialisé dans l’étude des soi-disant « maladies » de la volonté et, plus particulièrement, des troubles nerveux, des tics manifestes, des habitudes propres à chaque être vivant, causés par les phénomènes de cette hallucination congénitale qu’est, à mes yeux, l’activité irradiante, continue de la conscience. Cette étude, par ses multiples aspects qui touchent tous aux questions les plus brûlantes de la médecine, des sciences, de la métaphysique, par tout ce qu’elle exige d’observations précises, de patientes lectures et de connaissances générales, de coup d’œil et de doigté de suite, de logique dans les idées, du sens des corrélations, de divination dans l’esprit par tout ce qu’ elle offre de brillant et de vaste à l’intelligence primesautière et clairvoyante, pouvait seule séduire un caractère aussi ambitieux et intéressé que le mien et lui permettre de réussir rapidement et avec fougue. Je comptais d’ailleurs beaucoup sur mon talent dialecticien et… sur l’hystérie.
L’hystérie, la Grande Hystérie, était alors à la mode dans les milieux médicaux. Après les travaux préliminaires des écoles de Montpellier et de la Salpêtrière qui n’avaient fait, pour ainsi dire, que de |
Au milieu de toutes ces aventures, à travers les périls et les angoisses, les paysages qui défilent à cent à l’heure, les arbres qui se bousculent et qui tombent, les lignes de chemin de fer qui se plaignent sourdement au passage des trains chargés de morts, parmi les hurlements des peuples en révolution et les danses cruelles des Indiens bleus, se dresse la formidable figure du héros, Moravagine. Ce type est certainement une des plus grandes créations de toute la littérature française. Il est inoubliable. C’est un grand fauve humain. |
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