À cette époque, Frodon était encore dans ses années d’irresponsabilité qui s’étendaient entre l’enfance et la majorité à trente-trois ans.

 

Douze autres années s’écoulèrent. Tous les ans, les Sacquet avaient donné des réceptions d’anniversaire pleines d’entrain à Cul-de-Sac; mais à présent il était entendu que quelque chose de tout à fait exceptionnel se préparait pour cet automne. Bilbon allait avoir undécante-un ans, 111, chiffre plutôt curieux et âge très respectable pour un Hobbit (le Vieux Toque lui-même n’avait atteint que 130 ans) et Frodon allait en avoir trente-trois, 33, chiffre important : la date de sa «majorité ».

 

On commença à jaser à Hobbitebourg et à Lèzeau; et la rumeur de l’événement attendu courut partout dans la Comté. L’histoire et le personnage de M. Bilbon Sacquet firent une fois de plus le principal sujet de conversation; et les gens âgés virent soudain leurs souvenirs très bienvenus.

 

Personne n’eut d’auditoire plus attentif que le vieux Ham Gamegie, communément appelé l’Ancien. Il pérorait au Buisson de Lierre, une petite auberge de la route de Lèzeau, et il parlait avec quelque autorité, car il avait entretenu le jardin de Cul-de-Sac durant quarante ans, et avant cela il avait déjà aidé le vieux Trogon dans le même office. Maintenant que lui-même, devenu vieux, avait les articulations ankylosées, le travail était principalement effectué par son plus jeune fils, Sam Gamegie. Tant le père que le fils étaient en relations très amicales avec Bilbon et Frodon. Ils habitaient sur la Colline même, au no 3 du Chemin des Trous-du-Talus, juste sous Cul-de-Sac.

 

- C’est un aimable gentilhobbit à la parole affable que M. Bilbon, comme je l’ai toujours dit, déclarait l’Ancien. Ce qui  était l’exacte vérité : car Bilbon se montrait très poli à son égard, l’appelant «Maître Hamfast » et le consultant constamment sur la pousse des légumes– en matière de «racines», et en particulier de pommes de terre, tout le voisinage (lui-même compris) le considérait comme l’autorité maîtresse.

 

- Mais qu’en est-il de ce Fordon qui vit avec lui? demanda le Vieux Chénier de Lèzeau. Il s’appelle Sacquet, mais il est plus qu’à moitié un Brandebouc, à ce qu’on dit. Je ne comprends pas pourquoi un Sacquet de Hobbitebourg irait chercher femme là-bas dans le Pays de Bouc, où les gens sont si bizarres.

 

- Et il n’y a rien d’étonnant à ce qu’ils le soient, intervint Papa Bipied (voisin immédiat de l’Ancien), vu qu’ils habitent du mauvais côté du Brandevin et tout contre la Vieille Forêt. C’est un sombre et mauvais endroit, si la moitié de ce qu’on rapporte est vrai.

                     

                     

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Quand M. Bilbon Sacquet, de Cul-de-Sac, annonça qu’il donnerait à l’occasion de son undécante-unième anniversaire une réception d’une magnificence particulière, une grande excitation régna dans Horbbitebourg, et toute la ville en parla.

 

Bilbon était en même temps très riche et très particulier, et il avait fait l’étonnement de la Comité pendant soixante ans, c’est-à-dire depuis sa remarquable disparition et son retour inattendu. Les richesses qu’il avait rapportées de ses voyages étaient devenues une légende locale, et l’on croyait communément, en dépit des assurances des anciens, que la Colline de Cul-de-Sac était creusée de galeries bourrées de trésors. Et si cela n’eût pas suffi à assurer sa renommée, sa vigueur prolongée aurait encore fait l’admiration de tous. Le temps s’écoulait, mais il semblait n’avoir aucune prise sur M. Sacquet. À quatre-vingt-dix ans, il était tout semblable à ce qu’il était à cinquante. À quatre-vingt-dix-neuf ans, on commença à le qualifier de bien conservé ; mais inchangé aurait été plus près de la vérité. D’aucuns hochaient la tête, pensant que c’était trop d’une bonne chose ; il paraissait injuste que quelqu’un pût jouir (visiblement) d’une jeunesse perpétuelle en même temps que (suivant l’opinion commune) d’une opulence inépuisable.

 

- Cela aura sa contrepartie, disait-on. Ce n’est pas naturel, et il viendra certainement des ennuis !

 

Mais jusque-là aucun ennui n’était venu; et comme M. Sacquet était généreux de son argent, la plupart des gens lui pardonnaient volontiers ses singularités et sa bonne fortune. Il était en relations de visite avec ses parents(hormis, naturellement, les Sacquet de Besace) et il avait de nombreux admirateurs fervents parmi les Hobbits des familles pauvres et peu importantes. Mais il n’eût pas d’amis intimes jusqu’au moments où certains de ses jeunes cousins commencèrent à prendre de l’âge.

 

L’aîné de ceux-ci et le favori de Bilbon était le jeune Frodon Sacquet. À quatre-vingt-dix-neuf ans, Bilbon l’adopta comme héritier; il l’amena vivre à Cul-de-Sac, et les espérances des Sacquet de Besace furent définitivement anéanties. Bilbon et Frodon se trouvaient avoir le même anniversaire : le 22 septembre. «Tu ferais mieux de venir habiter ici, Frodon, mon gars, dit un jour Bilbon; nous pourrons ainsi célébrer confortablement notre anniversaire ensemble. »      

                   

Zone de Texte: Le plaisir de lire
Zone de Texte: Les premiers paragraphes du roman

Dans les vertes prairies de La Comté, les hobbits, ou Semi-hommes, vivaient en paix… jusqu'au jour fatal ou l'un d'entre eux, au cours de ses voyages entra en possession de l'Anneau Unique aux immenses pouvoirs. Pour le reconquérir, Sauron, le seigneur ténébreux, va déchaîner toutes les forces du Mal… Frodon, le porteur de l'anneau, Gandalf, le magicien, et leurs intrépides compagnons réussiront-ils à écarter la menace qui pèse sur la terre du milieu?

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