14. « Mais une créature dit à la fin : « Je suis las de m’accrocher. Bien que je ne puisse pas le voir de mes yeux, je crois que le courant sait où il va. Je lâcherai et me laisserai entraîner où il veut. À rester accroché, je mourrai d’ennui. »

15. «  Les autres créatures éclatèrent de rire et dirent : Idiot ! Lâche donc, et ce courant que tu vénères te jettera, ballotté et meurtri, contre les rochers; tu en mourras et plus vite que d’ennui.

16. « Mais l’autre ne tint pas compte de ces quolibets, et retenant son souffle, il lâcha et fut aussitôt ballotté et meurtri par le courant contre les rochers.

17. «  Or bientôt, comme il refusait de s’accrocher de nouveau, le courant le souleva et le libéra du fond, et il ne fut plus bousculé ni blessé.

18. « Et les créatures vivant en aval, pour lesquelles il était un étranger, se mirent à crier : Voici un miracle ! Une créature comme nous-mêmes, et pourtant elle vole ! Voici le Messie venu pour nous sauver tous !

19. «  Et celui que le courant portait dit : Je ne suis pas plus Messie que vous. Le fleuve se plaît à nous soulever et à nous libérer, si seulement nous osons lâcher. Notre véritable tâche c’est ce voyage, cette aventure.

20. «  Mais les autres criaient de plus belle : Sauveur ! Sauveur ! Tout en s’accrochant aux rochers, et lorsqu’ils levaient la tête une deuxième fois, celui que le courant portait s’en était allé; alors, restés seuls, ils fabriquaient des légendes à propos d’un Sauveur. »

21. Or il advint ceci. Il vit que la multitude s’amassait autour de lui chaque jour davantage, plus serrée, plus proche et plus féroce que jamais; il vit qu’ils le pressaient sans relâche de les guérir, et de les nourrir sans cesse par ses miracles; alors, pour apprendre pour eux et pour vivre leurs vies, il partit seul ce jour-là sur le sommet d’une montagne…

 

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6. Et il advint, en raison des foules, que plusieurs contremaîtres et directeurs invitèrent le Maître à laisser ses outils et à passer son chemin, car il était serré de si près que ni lui ni aucun autre mécanicien n’avait de place pour travailler sur les automobiles.

7. C’est ainsi qu’il s’en fut dans la campagne, et les gens le suivirent, commençant à l’appeler Messie et faiseur de miracles; et, comme ils avaient foi, il en fut ainsi.

8. Si un orage survenait tandis qu’il parlait, pas une seule goutte d’eau ne tombait sur la tête de l’assistance. Le dernier dans la foule entendait ses paroles aussi clairement que le premier, quels que fussent l’éclair et le tonnerre à l’entour dans le ciel. Et toujours il s’adressait à eux en paraboles.

9. Et il leur dit : « Au sein de chacun de nous se trouve le pouvoir de consentir à la santé et à la maladie, à la richesse et à la pauvreté, à la liberté et à l’esclavage. C’est nous qui maîtrisons cela et nul autre. »

10. Un ouvrier prit la parole et dit : « Facile à dire pour toi, Maître, car tu es guidé et nous ne le sommes point et tu n’as pas besoin de faire effort comme nous faisons effort. Un homme doit travailler pour vivre dans ce monde-ci. »

11. Le Maître répondit : « Il y avait jadis, dans un village sur le fond d’un grand fleuve de cristal, des créatures.

12. « Le courant de ce fleuve glissait au-dessous de tous, jeunes et vieux, riches et pauvres, bons et méchants, et le courant allait son propre chemin, ne connaissant que sa propre nature de cristal.

13. « Chaque créature à sa manière, s’accrochait étroitement aux branches et aux rochers du fond du fleuve, car s’accrocher était leur mode de vie, et résister au courant, tout ce que chacun d’eux avait appris depuis sa naissance.

Zone de Texte: Le plaisir de lire
Zone de Texte: Quelques autres paragraphes du chapitre 1

Le roman se termine ainsi : «  Alors, pour le plaisir, avant de me réveiller tout à fait, je pris mon journal de bord et commençai à écrire, moi, messie dans un monde d’autres messies, parlant de mon ami .»

Le chapitre 1 raconte l‘histoire de son ami.

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