J'avais honte d'être aussi faible. J'eus encore plus honte de vomir. Cela ne m'était encore jamais arrivé non plus. Ma bouche se remplit, j'essayai d'avaler, je serrai les lèvres et plaquai ma main sur ma bouche, mais ça jaillit et passa entre mes doigts. Alors, prenant appui sur le mur d'un immeuble, je regardai le vomi à mes pieds, en rendant des glaires liquides.

La femme qui vint à mon aide le fit presque brutalement. Elle me prit par le bras et m'emmena, par une entrée sombre, dans une cour intérieure. En hauteur, d'une fenêtre à l'autre, du linge pendait à des cordes. Des piles de bois étaient entreposées dans la cour; par la porte béante d'un atelier, une scie hurlait et des copeaux volaient. Près de la porte par laquelle nous étions passés, il y avait un robinet. La femme l'ouvrit, rinça d'abord ma main, puis, prenant l'eau dans le creux de ses mains, m'aspergea la figure. Je m'essuyai avec mon mouchoir.

 

“ Prends l'autre ! ” Deux seaux étaient posés près du robinet, elle en prit un et le remplit. Je pris et remplis l'autre, et je retraversai l'entrée derrière elle.

 

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À quinze ans, j'ai eu la jaunisse. La maladie débuta en automne et se termina au printemps. Plus l'année finissante devenait froide et sombre, plus j'étais faible. C'est seulement avec l'année nouvelle que je remontai la pente. Janvier fut tiède, et ma mère installa mon lit sur le balcon. Je voyais le ciel, le soleil, les nuages, et j'entendais les enfants jouer dans la cour. Par un début de soirée de février, j'entendis chanter un merle.


Ma première sortie, dans la rue des Fleurs où nous habitions au deuxième étage d'un gros immeuble datant du début du siècle, fut pour aller dans la rue de la Gare. C'est là qu'un matin d'octobre, en rentrant du lycée, j'avais été pris de vomissements. Cela faisait plusieurs jours que je me sentais faible, plus faible que je ne l'avais jamais été encore de ma vie. Chaque pas me coûtait. Quand je montais des escaliers, à la maison ou au lycée, mes jambes me portaient à peine. Je n'arrivais pas non plus à
manger. Même lorsque je me mettais à table en ayant faim, les aliments me dégoûtaient tout de suite. Le matin, je me réveillais la bouche sèche, avec l'impression que dans mon ventre les organes pesaient et n'étaient pas à leur place.

Zone de Texte: Le plaisir de lire
Zone de Texte: Les premiers paragraphes du roman

À quinze ans, Michael fait par hasard la connaissance, en rentrant du lycée, d'une femme de trente-cinq ans dont il devient l'amant. Pendent six mois, il la rejoint chez elle tous les jour, et l'un de leur rites  consiste à ce qu'il lui fasse la lecture à haute voix. Cette Hanna reste mystérieusement et imprévisible, elle disparaît du jour au lendemain.

Sept ans plus tard, Michaël assiste dans le cadre de ses étude de droit, au procès de cinq criminelles et reconnaît Hanna parmi elle.

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