Et le roi Meliadus de Loonois demanda son enfant et s'il était fait chrétien. "Sire, dit la demoiselle, oui, et il a nom Tristan. Sa mère lui donna ce nom quand elle mourut."
Alors le roi prit l'enfant et le confia à Gouvernal qui depuis le garda avec tant de loyauté qu'il n'en dut être blâmé; et il lui fit chercher nourrice bien convenable.
Or le roi Meliadus, devenu veuf, épousa la fille du roi Hoël de Nantes, femme jolie et malicieuse qui commença par aimer Tristan.
Comme il est grand déjà à l'âge de sept ans, aussi beau que Lancelot lui-même! Tous l'aiment et sa marâtre en devient bien jalouse: ne tente-t-elle pas d'empoisonner l'enfant que surveille Gouvernal? Et le voici qui perd bientôt son père, et il pleure tendrement.
Gouvernal s'aperçoit bien que la reine de Loonois haïssait Tristan; et il craignait fort qu'elle ne le fit tuer par trahison. Il vint à Tristan et lui dit : - Tristan, votre marâtre vous hait à mort, et elle vous eût déjà tué si elle ne me craignait pas. Allons-nous-en en Gaule, vers le roi Pharamond.
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Ce jour-là, et la nuit qui suivit, la reine entra en travail. Au jour, elle se délivra d'un beau fils, puisque c'était la volonté de notre Seigneur. Et quand elle fut délivrée, elle dit à sa demoiselle: "Montrez-moi mon enfant et je le baiserai, car je me meurs!" Alors la suivante le lui baille.
Et quand elle le tient dans ses bras, et voit que c'est la plus belle créature du monde, elle dit: "Fils, quel fut mon désir de t'avoir! Or je vois que tu es la plus belle créature qu'onques femme porta; ma ta beauté me fera peu bien, car je me meurs du travail que j'ai eu à cause de toi. Triste je vins ici, tristement j'ai accouché, en tristesse je t'ai eu, et pour toi, tristement je vais mourir. Et puisque par tristesse tu es venu sur la terre, tu auras nom Tristan. Dieu fasse que tu passes ta vie ne plus grande liesse et bonne aventure qu'en ta naissance!"
A ces mots, elle l'embrasse. Et, sitôt qu'elle l'eut baisé, l'âme quitta son corps. Car elle mourut, comme je vous le conte.
Ainsi naquit Tristan, le beau, le bon chevalier qui, depuis, pour Iseult, souffrit tant de peines. |
En ces temps reculés de l'âge celtique, un jeune chevalier né sous le signe de la tristesse est chargé par son oncle le roi Marc de Cornouailles de ramener d'Irlande la blonde Iseut qu'il veut épouser. Les deux jeunes gens n'éprouvent aucun sentiment l'un pour l'autre. Mais sur le voilier qui les emporte, ils ont soif. Ils boivent par erreur le filtre d'amour. Désormais, ignorants du monde et de ses lois au mépris de l'honneur et de la parole donnée, ils s'aimeront jusqu'à périr. |
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