Voilà donc comment j'ai rencontré Régina.
Mussolini m'avait viré de l'Organisation avant Noël. Ça lui avait déchiré le coeur. Il avait donné des coups de pied dans les pneus de sa Bentley en m'annonçant la nouvelle. Un autre client venait de l'appeler sur son cellulaire, m'avait-il dit. Une autre annulation. |
Quand j'ai rencontré Régina, je n'avais pas tué depuis longtemps. Sauf papa, bien sûr. Mais ce n'est pas la même chose. Elle - Régina O'Connell - frottait à quatre pattes le plancher des toilettes. Elle portait l'uniforme bleu électrique des employées d'entretien. Ses omoplates saillaient sous son chemisier: les muscles de son dos ondoyaient comme les drapeaux à la Saint-Jean. La pièce sentait l'urine et l'eau de Javel. Adossé au cadre de porte, je l'observais en silence. Sa tête était hérissée de mèches rouge sang. Des faux cils ombrageaient ses joues. - J'ai envie de pisser, ai-je expliqué. |
Quand j'ai rencontré Régina, je n'avais pas tué depuis longtemps. Sauf papa, bien sûr. Mais ce n'est pas la même chose. Ce jour-là, papa s'est assoupi avant le souper. J'ai allumé un cigare et j'ai serré ma bouche pleine de fumée autour de ses grosses narines vérolés. Je lui ai verrouillé la mâchoire. Il s'est étouffé pour de bon. J'ai ouvert la fenêtre pour aérer. Des rafales hargneuses, chargées de gaz d'échappement, ont envahi la chambre... J'ai fait mine de gifler le voisin de papa qui me traitait d'assassin, et suis sorti aussi sec. |
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